Grossophobie médicale

Pourquoi la médecine échoue souvent à prendre soin de ses patients gros ?

Pour des raisons de lisibilité par toustes, certaines phrases de ce texte ont été rédigées au masculin. Ces phrases s’adressent cependant bien entendu à tout le monde.

Grossophobie (nom féminin) : ensemble des attitudes hostiles et discriminantes à l’égard des personnes en surpoids.
Cette discrimination s’insinue dans tous les aspects de la vie des personnes grosses (école, travail, transports, vêtements), mais particulièrement dans le domaine médical, où elles subissent le plus de violences.
Ces comportements ont pour cause des représentations culturelles négatives à l’égard des gros. Il existe des associations communément admise entre forte corpulence et défaut moraux : paresse, avarice, bêtise, impulsivité. Historiquement, ces associations viennent de l’Église, des cours princières et de la médecine qui continue à les diffuser en se focalisant uniquement sur les causes comportementales et individuelles de l’obésité.
La stigmatisation s’abat avec d’autant plus de violence sur les femmes, pour qui l’injonction à la minceur est beaucoup plus forte.
Nous assistons à un glissement du dénigrement de la grosseur pour des causes morales (toujours très présent même si il est assez critiqué) vers la condamnation de l’obésité pour des raisons sanitaires. L’institution médicale joue donc un rôle clé dans la grossophobie ordinaire.
Le problème de ces conceptions est qu’elles abordent l’obésité comme étant uniquement le résultat de mauvais choix alimentaires et d’un manque d’exercice physique dont l’individu serait complètement responsable.
Or les causes de l’obésité sont nombreuses et complexes : causes psychologiques (des traumatismes dans l’enfance sont liés à l’apparition de TCA comme la boulimie ou l’hyperphagie boulimique), biologiques (certains gènes sont associés à un risque élevé de développer une obésité), et surtout structurelles (sociale et environnementale).
L’explosion du nombres d’obèses dans les pays développés et en développement les dernières décennies montre que l’obésité est un problème collectif, et non individuel, lié à la réorganisation de nos sociétés modernes.
Sa prévalence significativement différente selon les groupes sociaux prouve qu’il s’agit d’un enjeu social. A la fois parce que des facteurs sociaux, comme la précarité, jouent un rôle dans le développement de l’obésité, et parce que cette dernière peut avoir un impact fort sur la trajectoire sociale de l’individu.
 

La grossophobie médicale

Les personnes grosses rencontrent souvent de grandes difficultés à se faire soigner correctement. D’abord à cause d’un manque de matériel adapté : tables d’examen trop étroites, fauteuils à accoudoir, brassards trop petit, IRM limité à 150 kg… Ce sont aussi une inadaptation des dosages de certains médicaments, notamment les substances lipophiles, qui n’auront pas la même efficacité. L’obésité est considérée par l’OMS non seulement comme une maladie mais comme une épidémie mondiale, on peut donc s’attendre à voir de nombreux obèses à l’hôpital ou dans nos cabinets. Comment se fait-il alors que nous n’ayons pas le matériel nécessaire pour les accueillir ? 
 
La grossophobie médicale, c’est surtout la maltraitance des personnes grosses par les professionnels de santé. De nombreux témoignages rapportent des commentaires déplacés, une attitude paternaliste voir humiliante Mais qu’estce qui explique ces difficultés du corps médical à prendre soin des gros ?
Tout d’abord, les soignant.es sont des gens comme les autres, baignés dans une culture grossophobe, sauf que dans le monde médical, ces biais sont encore plus marqués et appuyés par l’autorité médicale.
L’insistance du corps soignant à faire remarquer à leurs patients qu’ils sont gros vient sans doute souvent d’une volonté de bien faire ; on nous apprend que l’obésité est mauvaise pour la santé, on veut le meilleur pour nos patients, il serait donc de notre devoir de les informer que leur surpoids met leur santé en danger, quitte à être durs avec eux. Pavée de bonne intentions, cette démarche échoue pour plusieurs raisons. D’abord, les obèses savent qu’ils le sont, et ils savent que c’est mauvais pour la santé, le monde entier le leur rappelle en permanence. De plus, stigmatiser les gros ne les fait pas maigrir, bien au contraire. Peutêtre vaudraitil mieux demander à nos patients si leur poids est une question qu’ils souhaitent aborder avant de leur prescrire une consultation diététique.
En médecine, le surpoids et l’obésité sont considérés comme un facteur de risque modifiable de nombreuses maladies chroniques. Ce prisme sur le surpoids, bien que pas complètement faux, est restrictif et à l’origine d’une grande frustration pour ceux qui dédient leur vie à assurer la santé des autres. Pourtant, on peut être obèse et en bonne santé ; en effet certaines études ont montré que c’est la graisse abdominale qui est associée à des risques accrus de maladies chroniques. Or toutes les personnes médicalement obèses (dont l’IMC est supérieur à 30) ne stockent pas au niveau abdominal et la perte de poids, nous y viendrons plus tard, présente ses propres risques.
Ensuite, marqués par l’idée que les obèses le sont par manque de volonté, les médecins ont aussi tendance à croire que leurs patients obèses sont moins susceptibles de prendre correctement leur traitement, ce qui peut gravement nuire à la relation soignant soigné.
Enfin, il existe clairement un mépris des gros, surtout venant des médecins. Et pour cause, l’obésité est un marqueur de précarité et de déclassement social : venant de médecins, le mépris des gros est aussi un classique mépris de classe.
Cette maltraitance passe aussi par une négligence involontaire des soignant.e.s trop focalisés sur le poids de leur patient.e.s. Énormément de personnes grosses témoignent avoir vécu des erreurs de diagnostic par un médecin qui expliquaient tous leurs maux par leur surpoids sans pratiquer d’examen clinique rigoureux pour vérifier leur hypothèse. Cette négligence peut avoir des conséquences graves, comme la découverte tardive d’un cancer qui aurait pu être dépisté dès les premiers symptômes.
De nombreuses femmes racontent aussi s’être vues refuser la prescription de la pilule, ou la pose d’un stérilet, refus plus ou moins explicitement motivé par la croyance que les grosses ne peuvent pas ou ne devraient pas avoir de sexualité.
Pour les grossesses c’est pareil, beaucoup de femmes grosses entendent qu’elles ne pourront jamais tomber enceinte à cause de leur poids, annonce délivrée sans aucun tact et qui s’avère souvent fausse. Et une fois qu’elles sont enceintes, les gynécologues s’empressent de leur prédire les pires catastrophe, du diabète gestationnel à l’éclampsie en passant par le macrosome.
Bref, la gynécologie est une spécialité incontournable lorsqu’on parle de grossophobie médicale.
Il n’existe malheureusement pas d’étude sur ce thème, mais les témoignages accablants s’accumulent.
A force de discours moralisateurs et de mauvais traitements, de nombreuses personnes obèses développent une appréhension justifiée du milieu médical, ce qui les met en danger et réduit encore plus leur accès au soin.
Souvent teintée de bonnes intentions, la stigmatisation des gros a non seulement des conséquences délétères sur leur bienêtre et leur trajectoire sociale, mais elle est aussi contre-productive. On ne le dira jamais assez, culpabiliser et stigmatiser un gros ne l’aidera pas à mincir !!! Bien au contraire, la stigmatisation est liée à une aggravation de l’obésité.
Nous sommes donc face à une situation où les obèses sont moins bien soignés que les autres (alors qu’ils sont supposément malades), et se voient sans arrêt conseiller de perdre du poids par les professionnels de santé. Mais quelles solutions pour maigrir ?
 

Les fausses routes de la minceur

Les produits, services et programmes minceur représentent une véritable industrie promue à coup de publicité omniprésente. Et ça ne s’adresse pas qu’aux personnes en surpoids, tout le monde peut chercher à s’amincir! La publicité agressive de cette industrie profite et participe à un véritable culte de la minceur.
En ce moment, l’industrie se détourne des régimes, très critiqués, pour aller vers le coaching, le fitness, les rééquilibrages alimentaires (qui sont souvent des régimes déguisés), les compléments alimentaires, aliments miracles et tout une panoplie de pratiques de soins et de bien-être à visée amincissante. Les méthodes pour mincir se multiplient sur le marché, rapportant environ 2,5 milliards d’euro par ans. Le secret de leur rentabilité ? Les complexes et la culpabilité de leur consommateurices (surtout des femmes) qu’ils participent largement à développer. Et leur inefficacité, puisque si ces produits permettaient réellement de perdre du poids définitivement, on en aurait besoin que d’une seule fois dans sa vie. Les marché de la minceur est un excellent exemple de logique marchande allant complétement à l’encontre des intérêts des potentiel.le consommateurices, le but est de vendre et donc de reproduire le plus possible, voir de créer le besoin.
 
Certains auront tendance à s’en remettre à leur médecin pour se délester de leurs kilos jugés superflus ; les personnes en surpoids n’auront parfois même pas à formuler la demande que leur médecins leur proposera déjà une méthode d’amincissement.

 

La première réponse des médecins face au surpoids est le régime restrictif : selon les études, entre 50 et 98% des médecins le proposent à leurs patients en surpoids. Pourtant, cette solution n’est ni sans risques ni très efficace sur le long terme : 80 % des sujets on repris le poids perdu au bout d’un an (et ce taux augmente à long terme). Beaucoup de personnes mises au régime font l’expérience des effets vicieux de la restriction cognitive : l’intellectualisation et la restriction de l’alimentation mène à une augmentation paradoxale de la consommation alimentaire à long terme. 
C’est ce qui est responsable du fameux effet yo-yo, des pertes de poids suivies de reprises majorées de quelques kilos, à l’origine du surpoids de certaines personnes qui ont commencé un régime alors que leur IMC était dans la norme. La pratique du régime peut donc mener à des fluctuations pondérales importantes qui sont associés à des risques accrus de maladies cardio-vasculaires. Mais en eux-mêmes, les régimes, surtout les plus drastiques, présentent de nombreux risques psychologiques, comportementaux (développement de troubles du comportement alimentaire notamment) et physiologiques (par déséquilibre nutritionnel). Et même sans augmentation excessive de la prise alimentaire après le régime, on risque de reprendre du poids à cause de l’adaptation du métabolisme basale suite à une restriction calorique trop forte et prolongée.
Avec la volonté de faire maigrir les obèses à tout prix, ou à la demande de leurs patients, de nombreux médecins se sont tournés vers des solutions pharmacologiques. La liste des coupe-faim retirés du marché car ils représentaient des risques trop importants, est longue : le médiator dont on a beaucoup entendu parler vient tout de suite en tête, mais aussi ses 2 grands frères issus du même laboratoire et de la même recherche : le pondéral et l’isoméride. On peut aussi citer l’Acomplia, retiré en 2006, le Sibutral retiré en 2010, et plus récemment le Bodygoal (2022). Et la course à la recherche d’une molécule amincissante est toujours en marche.
A des stades avancés de l’obésité, il devient très difficile de significativement perdre du poids sans chirurgie bariatrique. Les méthodes de chirurgie bariatrique sont développées depuis les années 1950 ; elles consistent toutes en une modification anatomique du tube digestif qui restreint la consommation alimentaire et provoque une malabsorption des aliments ingérés. L’anneau gastrique, la sleeve et le by pass sont les plus pratiquées. Elles sont indiquées pour les personnes ayant un IMC supérieur à 40kg/m² ou celle avec un IMC supérieur à 35kg/m² avec des comorbidités. En France, 60 000 personnes sont opérées tous les ans. Avec un coût de 500 à 1500€ l’intervention remboursée par l’assurance maladie à l’hôpital public, et jusqu’à 25 000€ en clinique privée, la chirurgie est un marché très lucratif.
Mais qu’en estil de son efficacité ?
De nombreuses personnes sont très satisfaites de s’être fait opérer, et ne rencontrent pas de conséquences négatives majeures. Il y aurait une chute de la mortalité de 29 à 50 % dans les années qui suivent l’opération.  Aurions nous donc trouvé la solution miracle ? Pas vraiment.
Les risques sont importants. La chirurgie bariatrique empêche les personne de s’alimenter normalement, ce qui a un fort impact sur la vie sociale. Les patients rencontrent souvent des difficultés à se réapproprier leur corps et sensations après la perte de poids brutale. Les conséquences psychologiques sont fréquentes suite à l’opération : dépression, tentatives de suicides, développement de nouvelles addictions… C’est pourquoi le suivi psychologique est recommandé, malheureusement, il n’est pas toujours remboursé.
De plus, son efficacité à long terme est controversé : malgré une rapide perte de poids, il y aurait 20 à 30 % d’échec de perte de poids à 10 ans de l’opération.
Une partie des échecs et des conséquences négatives de la chirurgie est liée au non respect des recommandation de l’HAS de ne pas pratiquer de chirurgie bariatrique sur des patients souffrant d’un trouble du comportement alimentaire, et au manque de suivi médical et psychologique rigoureux après l’opération.
En plus de ces risques, la malabsorption alimentaire provoquée mène à des carences graves en vitamines. La supplémentation vitaminique est strictement nécessaire à vie pour éviter des situations très graves et pouvant mener à de très lourdes séquelles (encéphalopathie de Gayet Wernicke ou polyradiculonévrite aiguë).
Or les vitamines ne sont pas remboursées par la sécurité sociale : le coût mensuel est d’environs 50 euros pour une supplémentation vitaminique et nutritionnelle correcte (vit B1, B9, B12, fer et calcium).
Entre les suivis psychologique, nutritionnel et les suppléments vitaminiques obligatoires à vie, les suites d’une chirurgie bariatrique représentent une forte contrainte économique alors que la population à laquelle elle s’adresse, les obèses morbides, sont plus nombreux dans les classes populaires et les plus précaires.
La lutte acharnée contre l’obésité est justifiée par des raisons de santé mais les méthodes d’amincissement sont souvent prescrites au mépris total de la santé des individus.
 
L’obésité est de plus en plus courante, représentant des dépenses de santé importantes, et la médecine n’est pas en mesure d’y apporter de solution individuelle fiable. La question de l’obésité est donc devenue une grande question de santé publique . Si on ne peut pas la «guérir», il faudrait donc absolument prévenir l’obésité.
Depuis plusieurs dizaines années, les plans de prévention se multiplient, cherchant à inculquer les bonnes pratiques alimentaires et sportives aux populations visées. Les études d’impact sont rares, et celles qui ont été menées apportent très peu de preuves de leur efficacité.
L’approche qui consiste à diffuser au grand public des connaissances nutritionnelles et des recommandations médicales sont inefficaces car elles ignorent les enjeux sociaux et psychologiques essentiels pour comprendre les comportements alimentaires. En plus de cela la médicalisation de l’alimentation peut nuire au rapport à la nourriture de nombreuses personnes, en surpoids ou non. Nous y reviendrons, mais tenter de contrôler drastiquement son alimentation pour la faire adhérer à des règles strictes sous prétexte qu’elles sont scientifiques conduit à une aliénation à son propre corps et peut avoir des effets contre-productifs.
Enfin, ces campagnes renforcent l’idée que mincir ou rester mince est uniquement une question de choix personnel et de motivation ce qui aggrave la stigmatisation des gros.
 
Peutêtre l’échec de la prévention de l’obésité vient-elle de son renoncement à agir sur les causes structurelles de l’obésité.
 

Les causes structurelles de l’obésité

La hausse rapide la prévalence de l’obésité est souvent expliquée par une augmentation de notre consommation alimentaire et une diminution de nos dépenses énergétiques.
Avant le développement de l’agriculture moderne, il était avantageux pour les humains de stocker de l’énergie sous forme de graisses pour survivre aux futures famines potentielles ; c’est un trait génétique qui s’est rependu, particulièrement dans certaines populations (en Polynésie notamment). La rationalisation moderne de l’agriculture a mis fin aux situations de famine dans certaines parties du monde, cette sécurité alimentaire souhaitable provoque l’obésité de ceux qui y sont génétiquement prédisposés.
Plus important encore, l’industrie agro-alimentaire et sa logique capitaliste ont pour objectif de vendre toujours plus à une population stable démographiquement. Pour cela, elle a dû s’adapter en misant lourdement sur le marketing, l’augmentation des portions et sur les aliments gras, salés et sucrés, sans grande valeur nutritionnelle, qui incite à consommer plus. La publicité est particulièrement agressive envers les publics jeunes, voire très jeunes, à la fois parce que les enfants sont un publique très réceptif et parce qu’une fois qu’un individu est habitué à certains produits, il est susceptible d’y revenir toute sa vie.
Si on se questionne sur l’efficacité du marketing, il suffit de regarder combien cette industrie dépense en publicité (4,5 milliards d’euro en 2016, ce qui représentait la moitié de ce qui a été dépensé en pub toutes industries confondues).
L’industrie agro-alimentaire étant très adaptable, elle a vite réalisé que les tentatives de perte de poids pouvaient représenter un marchés très lucratif. Ainsi, un même groupe peut vendre des produits transformés incitant à la surconsommation, et des yaourts 0 % et des barres de céréales sans sucre.
Pour ce qui est de nos dépenses énergétiques, la sédentarité est monnaie courante dans une société urbanisée, organisée autour de la voiture, avec un monde du travail largement tertiarisé. Néanmoins, tout le monde n’est pas devenu obèse. Ceci s’explique à la fois par des prédispositions génétiques et par des facteurs sociaux. Car ce qui favorise fortement l’obésité, c’est la libéralisation du marché du travail. Plus les employeurs sont en mesure de faire travailler des gens dans des conditions précaires (bas salaires et horaires déstructurées) plus la différence de prévalence de l’obésité entre les classes sociales se creuse. Car s’alimenter sainement et faire du sport n’est pas qu’une question de connaissances et de volonté, il s’agit aussi de réunir les conditions matérielles pour le faire (ressources financières suffisantes pour acheter des produits frais, temps pour les cuisiner, faire ses courses, faire du sport). Récemment l’inflation a d’autant plus creusé l’inégalité d’accès à une alimentation complète.
 
Il existe un culte de l’apparence et de la minceur qui touche principalement les femmes. Ces dernières sont systématiquement renvoyées à leur image, dont leur valeur dépendrait. Cette situation mène de nombreuses femmes à sur-conscientiser leur alimentation, dans une volonté de gestion rationnelle de leur corps ce qui créé une forme d’aliénation à son propre corps. Cette logique managériale a pour conséquence des comportements de compensation, jusqu’aux troubles du comportement alimentaire dont la boulimie ou l’hyperphagie boulimique. 
En plus de cela, l’alimentation est actuellement une source de tabou : révéler ce que l’on mange quand cela ne correspond pas à ce que l’on pense qu’il est bien de manger est plus honteux que jamais. La nourriture est l’objet d’un certain nombre de codes culturels fortement liés à l’identité personnelle. Nous sommes donc dans un jugement permanent de ce que l’on mange ce qui aggrave l’intellectualisation de l’alimentation.
Ces éléments participent à une destructuration de l’alimentation. Là où l’alimentation était auparavant régulée par des codes culturels forts (ce que l’on mangeait, quand et comment, « allait de soi »), nos choix alimentaires sont maintenant très conscientisés, liés à la morale et à l’image de soi.
 

Critique du body positive

Le thème de la grossophobie a principalement été abordé dans le mouvement du body-positive et dans des courants féministes et intersectionnels.
Le body-positive est un mouvement massivement présent sur Instagram, qui encourage l’amour de soi et de son corps et prône la représentation des corps qu’on ne voit jamais : obèses, en fauteuil ou amputés ect…. Il a eu un réel impact positif pour l’image de soi et donc la santé mentale de nombreuses personnes (surtout des femmes). La représentation de corps qui sortent de la norme est un bon moyen de contrer les effets du matraquage médiatique et publicitaire des standards de beauté, particulièrement redoutables chez les jeunes filles. Aussi, pouvoir échanger avec d’autres personnes grosses, avoir accès à leurs témoignages permet de remettre en question la grossophobie intériorisée particulièrement nocive lorsqu’on est soi-même gros.se.
Le potentiel émancipateur de ce mouvement a tout de même ses limites. Puisqu’il est né sur Instagram, il est centré sur l’image, et bien que son intention de nous libérer des normes esthétiques, il ne peut pas nous aider à nous détacher de l’obsession de notre image. Bien qu’il est important pour son estime de soi de pouvoir se trouver beau/belle, notre société moderne y accorde une importance étouffante (encore une fois, surtout pour les femmes). Aimer son image à tout prix et malgré les standards de beauté peut être ressentie comme une nouvelle injonction, plus que comme une libération.
De plus, certains de ces discours sur la grossophobie rejettent en bloc les liens entre obésité et problème de santé et condamne toute tentative de contrôle du poids. Bien que la conception de l’obésité comme une maladie en elle-même est questionnable, nier son impact sur la santé, en particulier celui de l’obésité morbide est un périlleux exercice de mauvaise foi.
Lutter contre la grossophobie, ce n’est pas faire la promotion de l’obésité, ni se complaire dans une positivité superficielle qui chercherait à nier le danger que l’obésité peut représenter pour la santé.
C’est chercher à adopter une approche non stigmatisante, de considérer un individu en entier et ne pas laisser une seule caractéristique, comme le poids, masquer tout le reste. C’est cesser d’objectiver les personnes grosses et les considérer réellement comme des sujets.
 

Conclusion

L’obésité est à la fois un problème médical et politique. L’épidémie d’obésité est un des signes que le capitalisme arrive à ses limites et une preuve que cette logique ne sert qu’à enrichir une minorité aux dépends de la qualité de vie, de la santé et de l’émancipation de la vaste majorité.
La sphère politique est démunie car les éléments qu’elle pourrait faire évoluer dans la bonne direction vont à l’encontre de la logique capitaliste qu’elle protège par ailleurs. Face à cette impuissance, sa seule « solution » est de faire de la prévention et de médicaliser la question. 
La lecture purement médicale, centrée sur l’individu, sa biologie et son comportement personnel échoue à analyser les causes plus larges, collectives, de l’obésité, comme en témoigne le manque d’efficacité de l’acharnement des médecins et des politiques publiques à faire maigrir les obèses. Faire peser sur le corps médical toute la responsabilité de la gestion d’une « épidémie mondiale » ne pourrait-il pas participer à pousser les professionnels de santé à malmener leurs patients gros?
Comment peut on lutter efficacement contre l’obésité et ses conséquences délétères sans passer par une action politique de lutte pour changer l’organisation de nos sociétés ?
Contre la grossophobie qui aggrave et enferme les personnes dans l’obésité. Pour l’émancipation des femmes, chez qui l’obésité causée par des TCA est significativement plus fréquente, effet de l’écrasante injonction à la minceur qui pèse sur elles et de la considération de la forme de leur corps comme mesure de leur valeur. Contre la précarité et le marché du travail libéral. Contre la logique capitaliste de l’industrie agro-alimentaire et par conséquent contre la propriété privée des moyens de production, l’exploitation et la logique marchande qui sont les piliers du mode de production capitaliste. 
Comment peut on remédier à des maladies largement favorisées par un capitalisme qui ne peut que s’intensifier, avec des campagnes de prévention et des conseils diététiques?
 
 
 
 
 
 
Sources :
– Gros n’est pas un gros mot de Daria Marx et Eva Perez-Bello
– Grossophobie, sociologie d’une discrimination invisible de Solenne Caroff
– Sociologie de l’obésité de Jean Pierre Poulain
– Les métamorphoses du gras de Georges Vigarello
– Le médecin, le patient et les kilos en trop de Martin Winckler
– Impact of weight bias and stigma on quality of care and outcomes for patients with obesity. Phelan SM, Burgess DJ, Yeazel MW, Hellerstedt WL, Griffin JM, van Ryn M.
– The stigma of obesity, a review and update, de Rebecca M. Puhl et Chelsea A. Heuer
– La restriction cognitive ou comment les régimes font grossir de Marine Parrot

Ressources

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Prise en charge des victimes de violences sexuelles

En passant

Les violences sexuelles sont un phénomène très répandu, et comme elles engendrent souvent des problèmes de santé, il nous semblait pertinent d’aborder le sujet.

Malgré la difficulté à compter TOUTES les victimes de ces violences, en France, on compte :

– 10 à 20% de victimes de violences sexuelles dans l’enfance (oui oui, ça fait au moins 1 sur 10)

– 53% de femmes ayant vécu des violences sexuelles dans leur vie

Les répercussions des violences sexuelles sur la santé sont nombreuses, et peuvent se manifester de manière plus ou moins insidieuse

Sur le plan psychologique les violences sexuelles peuvent provoquer un état de stress post traumatique, un syndrome anxieux ou dépressif, trouble du sommeil et du comportement alimentaire.

Et sur le plan somatique : des douleurs chroniques, abdominales, gynécologiques et ostéoarticulaires et sur-risque d’endométriose, d’affection auto-immune et cardio-vasculaire.

Ces troubles sont souvent la source d’impasses diagnostic et/ou thérapeutiques dû à la méconnaissance de ces mécanismes.

La prévalence et les répercussions des violences sexuelles en font un problème majeur de santé publique.

En tant que futurs soignant.e.s, nous allons inévitablement être amené.e.s à rencontrer des personnes ayant vécu des violences sexuelles, souvent précisément pour traiter les conséquences de ces dernières. Il nous semble donc essentiel d’apprendre à reconnaître les conséquences des violences sexuelles et à savoir réagir face à celles-ci.

Tout d’abords, comme le veut le fameux dicton : Primum non nocere

Comme on ne sais pas forcément qui a été victime de violences sexuelles, il vaut mieux prévenir les patients avant de les toucher et/ou leur demandez leur CONSENTEMENT en particulier pour des examens des parties génitales et de la poitrine chez les femmes. Une simple question permet d’éviter de faire revivre un traumatisme à son patient.

Ensuite, en ce qui concerne le traitement, les professionnels de santé ont un rôle crucial à jouer : sans parcours de soin, 80 % des victimes de violences sexuelles rencontrent des complications obstétricales.

Pour les médecins généralistes, acteur.ices au centre de la prise en charge :

Une écoute bienveillante, sans jugement

– Ne pas remettre en cause ou douter de sa parole : ce que nous jugeons personnellement comme grave ou violent ou non ne doit pas entrer en jeux dans notre réponse

Informer sur les associations et groupes de soutient de victimes de violences sexuelles, et les différentes ressources disponibles

Proposer suivi psychologique, sans forcer la victime à accepter des soins immédiatement. Vous pouvez réaborder le sujet lors d’une consultation suivante, car chacun.e. avance à son rythme dans sa reconstruction.

– Et surtout ne pas culpabiliser la personnes de ne pas faire ce que vous recommandez.

Pour les gynéco et les sage-femme :

La consultation en gynécologie est l’occasion idéal pour dépister des événements de violences sexuelles, poser la question aux nouvelles patientes peux enclencher leur prise en charge.

Sujet un peu plus difficile à aborder, il arrive que ce soient les professionnels de santé qui soient, intentionnellement ou non, les responsables de violences sexuelles.
Les violences obstétricales et gynécologiques sont médiatisées depuis 2014 en France depuis l’apparition du #payetonuterus où des milliers de femmes ont témoigné de comportements déplacés de la part de soignant.e.s.

La fréquence de ces témoignages laisse penser qu’ils ne s’agit pas de quelques déviances isolé, mais d’un problème systémique. Ces violences peuvent être expliquer par plusieurs facteurs : un manque de formation et de sensibilisation sur le sujet, par manque de temps ou par habitude on oublie de demander le consentement, de prévenir avant un geste qui porte atteinte à l’intimité. De plus, en tant que soignant.e.s, nous avous désexualisé le corps des patient.e.s, notre rapport au corps est modifié et on a souvent du mal a garder en tête que ce n’est pas le cas des patient.e.s.

Mais ces violences sont aussi le fruit d’une culture carabine violente et sexiste qui banalise ces gestes.

On vous parle des VOG parce que ce sont les violences sexuelles les plus documentés mais ces règles s’appliquent aussi bien sûr à la pratique du toucher rectal.

Pourtant il existe quelques règles simple à mettre en place pour éviter de commettre des violences :

– Rechercher le consentement explicite pour chaque acte, ne pas partir du principe que les patient.e.s vont le signaler d’elleux-même si ils ne sont pas à l’aise avec un acte médical, en tant que soignant.e nous sommes en position d’autorité, c’est à nous de s’assurer du consentement de la personne en lui laissant réellement l’espace de dire non

– Expliquer clairement l’intérêt et le processus de l’examen/acte que nous jugeons nécessaires

– Saviez vous que la position gynécologique de référence qu’on nous enseigne en France n’est pas la seule possible ? Les anglo-saxons privilégient une position en décubitus latéral qui est souvent mieux vécue par les patient.e.s

– Certains gestes peuvent être réalisés par les patient.e.s elleux-même, on peut proposer d’insérer sois même un spéculum ou une sonde pour une écho endo-vaginale

Cependant, il est paradoxal d’être responsable du soin des victimes de violences sexuelles quand nous baignons nous même dans une culture violente et sexiste qui normalise et fait subir ces mêmes violences aux soignant.e.s, étudiant.e.s et patient.e.s.

Selon une étude de l’ANEPF, plus de 48% des étudiantes en pharmacie subissent du harcèlement sexuel dans leur cursus, et 27% ont subi une agression sexuelle dans ce cadre.

L’ANEMF rapporte que plus de la moitié des internes sont victimes de VSS*

Bref, vous avez compris l’idée, on vous laisse vous renseigner sur les chiffres des autres filières, la situation est préoccupante.

En tant qu’étudiant.e.s en santé, ces chiffres ne nous étonnent pas. Qui d’entre nous n’a pas été témoin ou victime de VSS en stage, en soirée, ou en inté ?

Une VSS, ou violences sexiste et sexuelle, d’après la définition qu’en fait l’OMS, c’est «tout acte sexuel, tentative pour obtenir un acte sexuel, commentaire ou avances de nature sexuelle, ou actes visant à un trafic ou autrement dirigés contre la sexualité d’une personne en utilisant la coercition, commis par une personne indépendamment de sa relation avec la victime, dans tout contexte, y compris, mais sans s’y limiter, le foyer et le travail» C’est donc plus vaste que les violences sexuelles qui y sont incluses.

Les étudiant.e.s en santé et les soignant.e.s ne sont pas isolé.es du reste de la société, selon certains sociologues, nous vivons dans une culture du viol*, culture particulièrement exacerbée en médecine en raison du rapport au corps décomplexé, et du « besoin de décompresser » qui justifie la grande consommation d’alcool qui fait la réputation des soirée d’étudiants en médecine.

La culture du viol est un concept sociologique utilisé pour qualifier un ensemble d’attitudes et de comportements partagés qui minimisent, normalisent voire encouragent le viol et l’excusent. Toutes les remarques et gestes sexistes y participent, et les mécanismes de déni et d’inversion de la culpabilité œuvrent pour faire taire les victimes.

La bonne nouvelle, c’est qu’une culture, ça se déconstruit.
Il faudrait que la prise en charge des patient.e.s victimes de violences devienne obligatoire, intégré au programme, et ce le plus tôt possible, car nous allons être confronté.e.s à ces situation dés nos premiers stages.

En attendant, nous pouvons nous même nous documenter sur le sujet, nous former, se soutenir et s’entraider face à la culture violente et sexiste de la santé.

Recommandations pour aller un peu plus loin et s’autoformer :

Conséquences des violences sexuelles sur la santé des victimes : Conférence du Dr Muriel Salmona

Le documentaire Primum non nocere: sur les complications obstétricales liées aux violences sexuelles

 Ep 3 du podcast Le serment d’Augusta: Je rechercherai le consentement activement et à chaque instant

Un podcast à soi (6) : Le gynécologue et la sorcière

Collectif @pourunemeuf_

Compte @stopvogfr

Nos sources

Association stops aux violences sexuelles https://www.stopauxviolencessexuelles.com

« Nous dénonçons le climat misogyne, homophobe et raciste qu’instaure la culture carabine au sein des services hospitaliers » (lemonde.fr) : https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/03/08/nous-denoncons-le-climat-misogyne-homophobe-et-raciste-qu-instaure-la-culture-carabine-au-sein-des-services-hospitaliers_6116623_3232.html

Intersexuation

L’intersexuation désigne la situation sociale des personnes nées avec des caractéristiques sexuelles primaires et/ou secondaires considérées comme ne correspondant pas aux définitions sociales et médicales typiques du féminin et du masculin. Cela concerne 1,7 à 4% de la population. Par opposition, les personnes non intersexes sont dites dyadiques.

Quand on aborde ce sujet, il est déjà primordial d’utiliser les bons termes : on ne parlera jamais d’hermaphrodisme, terme faux et déshumanisant. On retrouve aussi fréquemment le terme « intersexualité », également impropre car renvoyant à la notion de sexualité (or l’intersexuation n’est pas une orientation sexuelle). On utilisera donc « intersexué.e », « personne intersexe » et « intersexuation ».

La définition de l’intersexuation regroupe différentes variations : variations des organes génitaux, des chromosomes ou des taux hormonaux. Dans nos formations, le mot intersexe n’est jamais utilisé : on parle de pathologies, de syndromes (Kleinfelter par exemple). Cette terminologie entretient la perception de l’intersexuation par les soignant.es comme une pathologie plutôt qu’un vécu. Or, ces situations sont, pour la plupart, sans danger pour la santé. Si ce sont des variations non pathologiques, alors la médecine n’aurait aucune raison d’intervenir.

Du point de vue historique, l’intersexuation est placée sous le sceau du secret et du tabou.  Les premiers intérêts notables pour la condition intersexe démarrent au 19ème siècle. A cette époque, on parle de maladie congénitale, de malformation, de pseudo-hermaphrodisme, de désordre du développement sexuel (etc…). A cette période, c’est le « paradigme John Hopkins » qui fait loi. Les corps intersexes sont considérés comme « malades » ce qui donnerait le droit au médecin d’opérer qui bon lui semble, et surtout les enfants. Ce paradigme part du principe que chaque enfant peut devenir un homme ou une femme du moment qu’il ressemble à l’un ou à l’autre et qu’il est éduqué comme tel.

Le traitement de l’époque repose alors sur 3 piliers :

  • L’assignation d’un sexe et d’un genre par des moyens chirurgicaux et hormonaux
  • Le secret, l’enfant ne doit jamais savoir
  • La prévision d’une sexualité hétérosexuelle pour l’enfant

Si ce n’est le dernier point (où des progrès sont à noter), on constate qu’encore aujhourd’hui ces idées prévalent.

L’idée qu’il puisse existe plus que deux sexes bouleverse l’ensemble de la société et ses fondements. C’est un discours qu’on ne veut pas entendre. Et c’est précisément pour cette raison que la médecine impose encore des traitements hormonaux (castration chimique), des actes médicaux (pénétrations forcées), des opérations chirurgicales à des nourrissons, des enfants, des adolescents (l’idée étant de façonner un sexe pénétrable ou pénétrant). On refuse avec tant de vigueur l’existence de personnes ne rentrant pas dans la case standard « d’homme » et « femme » qu’on est prêt à mutiler des enfants.

Qui plus est, ces interventions ont des conséquences graves sur la santé physique, psychique et sexuelle (douleurs, infections, cicatrices, perte de sensibilité, traitement hormonal à vie, honte, dépression, isolement social, précarité). Pour la plupart, ce sont des actes invasifs, irréversibles et réalisés sans consentement.

Le consentement est libre et éclairé ou il ne l’est pas : tant que la personne intersexe elle même n’a pas donné son consentement à intervenir médicalement, alors c’est une violation de ses droits humains. Ces violations ont été condamnées à plusieurs reprises, notamment par l’ONU et la DILCRAH. Les interventions sans nécessité médicale sur les enfants intersexes sont hors loi. Les parents ne peuvent pas consentir à ces actes à la place de leurs enfants.

Mais quelle est la place du corps médical ?

Il est d’abord important d’accompagner les parents en gardant toujours comme priorité l’intérêt et le bien-être de la personne intersexe. Les parents et les personnes intersexes doivent recevoir une information fidèle, bienveillante, non pathologisante, sans donner une fausse impression d’urgence. On peut également les orienter vers des associations comme le CIA-OII.

Enfin, nous vous proposons une dizaine d’idées de « bonne pratique », qui découlent directement ce que vous avez déjà pu lire :

  • 1° S’adresser aux personnes avec des termes adéquats, dans lesquels iels se reconnaissent, se sentent compris, écoutés et respectés.
  • 2° Une personne intersexe peut être désireuse d’une procédure de réassignation de genre : il faut s’assurer de la bonne information et du consentement de lae patient.e et s’assurer de ne pas se montrer trop envahissant en ne posant que des questions nécessaires (pas de « curiosité »).
  • Le consentement est une part essentielle de notre pratique mais l’est encore plus dans ce cadre : souvent victimes d’abus médicaux, les personnes inter ont besoin, au même titre que tout autre patient d’ailleurs, que leur consentement soit recueilli. Il n’est certainement pas question d’imposer son point de vue.
    • Si c’est un enfant en âge de donner son consentement : ne rien faire sans le dit consentement de cet enfant. Faire une consultation bioéthique avec les patients pour leur expliquer les conséquences des chirurgies et traitements.
    • Clarifier le ratio bénéfice/risque : risque des interventions sur la fertilité, le fonctionnement des organes sexuels, l’ajustement psychologique et social, la continence, effets hormonaux, psychiatriques, complications opératoires, nécessité de multiplier les actes parfois
    • Informations nécessaires à fournir : intervention indispensable ou optionnelle, réversible ou non, possibilités de transition si dysphorie de genre post assignation, délais de reflexion
  • 4° Concernant les chirurgies, et notamment celles des enfants, seule la question de la nécessité absolue pour le maintien de la bonne santé se pose. Si on ne rentre pas dans ce cadre, alors on ne fait rien. L’enfant, en grandissant, sera à même de prendre les décisions concernant son corps, mais les lui imposer constitue une vécu traumatique évident qu’il est plus que nécessaire d’arrêter.
  • 5° Concernant les examens médicaux : les personnes inter ont le droit à la pudeur et à la discretion, ce ne sont pas bêtes de foire qu’il faut “absolument que je te montre” !!
  • 6° Guider les personnes inter dans leur sexualité et leur vie sexuelle : contraception, procréation, information sur la santé sexuelle et les IST, dépistages etc… les prendre en charge comme un patient quelconque en tenant compte des particularités de chacun. A noter que les préservatifs externes ne sont quasiment jamais adaptés aux personnes inter. On peut guider avec bienveillance et précaution la protection vers des digues dentaires ou des préservatifs internes. Il existe néanmoins des protections spécifiquement pensées pour les personnes inter, sur lesquels on peut/doit se renseigner.
  • 7° Les personnes inter ont les mêmes droits reproductifs que n’importe qui : droit à l’accompagnement de grossesse, à la PMA, à la FIV, à la contraception réversible ou définitive. Quoi qu’il en soit, la décision et la demande doivent venir de lae patient.e et non l’inverse.
  • 8° Concernant le risque de cancérisation : existant mais ne justifiant certainement pas l’ablation systématique des gonades internes. Ce sont le plus souvent des tumeurs bégnines et monitorables. Maintenir les gonades internes permet l’apport d’hormones endogènes, une puberté naturelle, le respect de l’intégrité physique et sexuelle et la possibilité du choix
  • 9° Concernant la puberté : choix de l’enfant, même pour les insensibilités aux hormones (“risque” de puberté virilisante… pour autant c’est un choix personnel qui doit être accompagné sans être imposé ou influencé).
  • 10° Si vous êtes témoins de situations abusives : possibilités de signalements anonymes à la fois par courrier et par téléphone (informations sur le site du CIA)
    • 11° Comment choisir le genre d’un nouveau né intersexe : comme ce sont des situatuons qui sont médicalement très bien connues, on n’a pas besoin d’intervenir pour connaitre les caractéristiques sexuelles que la personne aura. On peut faire l’assignation depuis ces informations. Des fois, plus rarement, on devra faire une décision arbitraire. De toute façon, on ne saura jamais par avance la manière dont l’identité de genre de l’enfant évoluera. Dans ce cadre, il faut simplifier la vie du futur individu en souscrivant à la norme sociale et légale actuelle (même si nous vous invitons à la remettre en question). En tout cas, il n’est pas nécessaire d’opérer pour assigner un genre de naissance.
  • 11° Concernant l’accompagnement psychologique : intérêt d’un accompagnement non pathologisant, ayant pour but principal l’aide à l’acceptation/ la compréhension de sa différence, sans appeler au changement. Proposer une liste de ressources psychologiques dans les environs directs de la personne, à adapter en fonction du budget et des envies des personnes soignées (permanences associatives, CMP, CROUS, lignes d’écoutes, consultations internes à l’hopital avec des soignant.es formés à ces questions).

Pour conclure : STOP AUX MUTILATIONS INTERSEXES

Droit à l’IVG

L’IVG ou interruption volontaire de grossesse est un acte médical qui peut concerné toutes les personnes ayant un uterus, ceci inclus les femmes cis-genre, les hommes trans et des personnes non binaires. Par soucis de lisisbilité par toustes, nous avont ici parlé des femmes, mais il faut noter que les minorité de genre sont susceptibles de rencontrer encore davantage de difficultés d’accès à l’IVG du fait de leur précarité, du manque de formation des soignant.e.s à les prendre en charge ou due à une méfiance vis à vis du système de soin lié à des maltraitances passée.

Le 1er février 2023, le sénat a voté en faveur de l’entrée dans la constitution de la liberté à l’avortement !!! Ceci est une grande victoire mais nous continuons activement défendre ce qui devrait être un droit…

ll nous semble essentiel d’aborder le sujet, en particulier dans le milieu du soin car le fait que l’avortement soit une liberté et non un droit maintenant inscrit dans la constitution, fait du pouvoir médical le principal obstacle à l’accès à ce soin.

 L’accès à l’IVG reste difficile dans beaucoup de région à cause des manques de moyens attribués à la santé en générale, mais particulièrement aux centres d’IVG. Depuis la généralisation de la tarification à l’acte en 2009, des dizaines de centre d’IVG ont fermés, et de nombreuses autres structures ont arrêté de le pratiquer. Il faut parfois parcourir plus de 100km pour exercer ce droit. Les femmes les plus éloignées du système de soins (résidant dans un désert médical) peuvent mettre tellement de temps à trouver un rendez-vous et un moyen de s’y rendre qu’elle fleurtent dangereusement avec les délai légaux maximum pour avorte.

L’avortement a été inscrit dans la constitution comme une liberté, et non une droit fondamental, suite à un amendement d’un député républicain. Ce changement en apparence anodin retire en réalité à l’Etat la responsabilité de garantir à chacun.e les condition matérielles nécessaire pour avorter.

Il faut aloué plus de moyens aux les structures de santé publiques, en particuliers celles qui s’occupent de la santé des femmes, trop souvent précarisées. Nous demandons aussi la généralisation de la pratique de l’IVG chirurgical par les sages-femmes, déjà possible dans 18 établissements.

L’IVG est un droit fondamental, et l’état, responsable des service publique doit le rendre effectivement accessible à toustes.

Pour une supresssion des délais légaux :

L’IVG médicamenteuse est possible jusqu’à 7 semaines de grossesse

Le délai légal pour avoir recours à un avortement chirurgical en France est passé de 12 à 14 semaines de grossesse depuis la loi du 3 mars 2022. Cette loi a aussi permis la pratique des IVG chirurgicales aux sages-femmes dans les hôpitaux

Malgré ce progrès, la date butoir peut être manquée à cause des obstacles pratiques et matériels abordés plus haut. Plus de 2 000 femmes seraient contraintes chaque année de se rendre à l’étranger car elles ont dépassé le délai légal en France.

Le délai légal pour avorter est de 24 semaines de grossesse au Royaume-Uni, et de 22 aux Pays-Bas et en Espagne, au Canada, il n’éxiste même pas de limite limite temporelle.

Cette différence mène à des inégalités d’accès car passé le délai légal français, les femmes qui le peuvent partent à l’étranger pour avorter, les autres doivent renoncer à la sécurité de l’encadrement médical et se mettent en danger.

Ces différences dans les délais marque aussi une forte différence idéologique, si il n’éxiste pas de délai légal au Canada, c’est que la loi et la médecine considère réellement les femmes comme responsable de leur propre corps. Les délais aux quels elles sont soumises en France montrent une volonté des institution de réguler les décisions des femmes sur leur corps.

Il est donc nécessaire que la France élargisse les délais légaux pour avorter au moins à la hauteur de ceux en vigueur dans les pays voisins. Un réel changement des mœurs vers une volonté d’émancipation menerai logiquement à la suppression totale de ces délai, comme au Canada.

La clause de conscience vous en avez entendu parler ?

C’est la possibilité pour le médecin de refuser la pratique de certains actes car ceux-ci vont à l’encontre de sa conscience personnelle.

Dans le cas de l’IVG, on parle de double clause de conscience car il existe un article spécifique qui précise qu’aucun.e soignant.e n’est obligé.e d’accepter de pratiquer une IVG, et ceci EN PLUS de la clause de conscience générale.

Par cette clause de conscience spécifique qui n’a aucun réel rôle juridique, la législation elle-même renforce l’idée qu’il s’agit d’un geste médical particulièrement lourd de sens.

 Sa suppression ne porterai donc en rien atteinte à la liberté de conscience des soignant.e.s mais permettrait de commencer à déstigmatiser le recours à l’avortement par la loi.

Cette clause de conscience avait permis de faire passer la Loi Veil, une sorte de consensus entre rendre l’IVG légal et rassurer les médecins réactionnaires, il est temps de la supprimer.

 

 Pour que cessent les discours moralisateurs et infantilisants.

« Les IVG les plus mal vécues sont celles vécues dans les pires conditions. »

Martin Winckler

Il est inacceptable que ce soient les soignant.e.s elleux-même qui entravent l’accès de leur patient.e.s à l’avortement. Empêcher l’accès à l’avortement d’un.e patient.e qui le demande c’est mettre en péril sa santé ; Non seulement, porter à terme une grossesse non désirée est extrêmement traumatique, mais surtout, une femme qui veut avorter avortera, la priver de l’encadrement médical la met en grand danger.

Pourtant, de nombreuses femmes ayant eu recours à une IVG rapportent des discours inappropriés, moralisateurs, infantilisants, certains essayant de les dissuader.

Le modèle du soignant paternaliste est toujours bien présent, particulièrement dans ce qui concerne la santé des femmes. Trop de femmes et de minorités de genre sont dépendent du bon vouloir du professionnel.le de santé ou d’un établissement qui les méprisent, ou les culpabilisent.

Il faut absolument plus de formations et de sensibilisation sur les manières de recevoir un.e patient.e qui demande l’avortement pour enfin sortir de ce modèle.

Dés le début des études de santé, il doit y avoir une prise de conscience que le corps médical ne doit pas entraver le choix des femmes a avoir prise sur leur corps. Nous devons apprendre qu’être professionnel c’est le non-jugement du choix de la personne; c’est savoir mettre de côté ses opinions pour accompagner au mieux chacun.e.s, dans le respect de leur autonomie.

En attendant la prise de conscience féministe de l’ensemble du corps médical…

François Olivennes, professeur et gynécologue-obstétricien pour Le Monde, propose d’interdire certains posts hospitaliers aux médecins qui entravent activement l’accès au choix moral et technique de l’IVG.

Cela pose la question de répartition géographique des médecins pratiquant l’IVG et une visibilisation des parcours pour y accéder.

Ceci n’est qu’une proposition de solutions parmi d’autres, comme simplement celle de la suppression de la clause de conscience…

Ensuite, apprendre qu’être professionnel c’est le non-jugement du choix de la personne; c’est savoir mettre de côté ses opinions pour accompagner au mieux chacun.e.s.

Dés le début des études de santé, il doit y avoir une prise de conscience que le corps médical ne doit pas entraver la liberté des patient.e.s à disposer de leur corps.

Trop de femmes et de minorités de genre sont dépendent du bon vouloir du professionnel.le de santé ou d’un établissement qui parfois les méprisent, ou les culpabilisent.

Avorter est un droit fondamental et ne devrai plus être un débat. En tant qu’être de droit, la liberté des femmes et minorité de genre à disposer de leur corps n’est pas à discuter.

Pourtant, les discours anti-IVG sont bien présents, particulièrement dans le milieu du soin. Au nom de la « liberté de conscience », de la « protection des plus faibles » les pro-lifes nient aux femmes leur nature de sujet, leur capacité de prendre une décision sur leur capacité reproductrice, leur corps, leur vie. L’IVG concerne les femmes, pas le potentiel enfant à naître, empêcher une femmes d’avorter c’est en faire une esclave de son foetus.